Hier matin, je me rendais à un rendez-vous à vélo, de l’autre côté de la ville. Pour cela j’avais décidé d’emprunter les quais afin de prendre l’air et de profiter de la beauté des paysages le long des quais bordelais. Il y avait un brouillard assez épais qui donnait une atmosphère de fin du monde. Je me rendis vite compte que je n’étais pas assez couverte et que j’avais froid. Mon esprit commença alors à se focaliser sur cette sensation désagréable.
Le coin de ciel bleu
Heureusement pour moi, depuis quelques semaines j’étais de nouveau plongée dans des ouvrages au sujet de la pleine conscience. J’essayais d’appliquer différents exercices comme celui d’insérer des moments « mindfulness » dans mon quotidien.
Ainsi, au lieu de me concentrer sur la sensation glaçante du vent humide et froid, je me suis focalisée sur l’idée du ciel bleu qui reste toujours là, derrière d’épais cumulus. Cette image est très souvent utilisée en méditation de pleine conscience pour nous faire réfléchir à l’évanescence des nuages dans le ciel. Ils sont comme nos pensées que nous pouvons laisser filer au loin, sans nous y attacher. Ce processus nous permet de retourner à l’ici et maintenant et de retrouver le ciel bleu, celui de notre conscience non troublée.

Les limites de cet exercice
Après quelques minutes à pédaler tant bien que mal, tiraillée entre le froid et mon envie de ciel bleu, j’ai senti monter en moi une forte sensation d’injustice et de colère. Il me semblait facile de relativiser quelques moments difficiles quand tout le reste de sa vie va bien.
J’ai tout de suite pensé aux personnes en grandes difficultés à qui on assène ce genre de principes. Je me suis demandée quel impact cela pouvait avoir sur elles. Parce que là, juste là, dans le brouillard, dans le vent, sous la pluie, fatiguée, je n’ai pas besoin qu’on me dise que demain il fera beau, non. J’ai besoin de voir une main qui se tend à travers le brouillard. J’ai besoin de bras qui m’enveloppent et qui me rassurent. J’ai besoin d’une couverture pour me réchauffer. J’ai besoin de sentir que je ne suis pas seule. Et une fois que je serai en sécurité, oui, peut-être qu’un coin de ciel bleu serait agréable et que je pourrais lâcher-prise.
Finalement…
J’avais envie de partager avec vous cette réflexion au sujet de la pleine conscience et de ses applications concrètes. Tous ces principes m’ont semblé si compliqués à appliquer, dans les moments où le brouillard nous aveugle et nous perd. D’ailleurs aujourd’hui, il fait beau, et cela change tout.